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Les rues de Lyon, Lyon

La petite histoire des noms des quais du Rhône (suite)

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Si vous avez lu nos précédents articles sur les quais de Saône côté royaume et côté empire ou sur les quais du Rhône rive gauche, vous avez remarqué que la municipalité avait nommé ses quais en l’honneur de préfets et de médecins. Lyon est une grande ville de médecine, la preuve : l’Hôtel-Dieu (on y a d’ailleurs une visite contée). Mais pour ce qui est des noms des quais le long de la rive droite du Rhône, c’est plutôt une histoire… de guerres ! On va aussi retrouver nos médecins lyonnais.

Quai Charles de Gaulle

On commence par de Gaulle, qu’on ne présentera pas ! Tout le long du parc de la Tête d’Or, où aujourd’hui se dresse la Cité internationale avec son cinéma multiplex et son casino, il y avait la foire de Lyon.

Quai du Rhône
Les anciens palais de la foire de Lyon, entre le parc de la Tête d’Or et les quais du Rhône (Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTL0048 01)

Il y a, ceci est moins connu, le siège mondial d’Interpol depuis 1989. C’est facile à reconnaître : il y a des caméras, des barrières, des barbelés…

Avenue de Grande-Bretagne

Ce quai s’est appelé quai d’Albret (Jeanne d’Albret était la mère d’Henri IV, on les retrouvera un peu plus loin). Ce quai fut le premier aménagé en rive gauche dans les années 1810-1820. On réhaussa la digue pour mettre le quartier à l’abri des inondations. Les constructions de beaux immeubles bourgeois continuèrent, dans la suite de la place Lyautey (alors place Louis XVI, oui on était en pleine Restauration).

Puis le quai prend le nom d’avenue du Parc et après la Première guerre mondiale, Lyon remercie les Anglais et le quai devient avenue de Grande-Bretagne.

Il y a à l’entrée du parc de la Tête d’Or, le Monument aux enfants du Rhône qui n’a rien à voir avec la Première guerre mondiale mais avec la guerre franco-prusse de 1870 (le monument aux morts de la Première guerre mondiale est dans le parc, au milieu du lac, sur l’île aux souvenirs).

Quai de Serbie

Toujours liée à la Première guerre mondiale, et au quai qui va suivre, des soldats serbes se sont battus sous les ordres du général Sarrail.

Au numéro 11, au-dessus de la porte d’entrée, au premier étage, il y a deux statues : Henri IV et sa mère Jeanne d’Albret. D’ailleurs, le quai de Serbie était avant nommé quai d’Albret, puis quai de l’Est.

Puisqu’on parle de statue, à l’angle de la rue Sully et du quai, il y a celle de… Sully !

Quai du général Sarrail

Sarrail était un militaire français pendant la Première Guerre mondiale, celui qui a commandé des soldates serbes. Bref, un quai dans la continuité du quai de Serbie. D’ailleurs il y a le consulat de Serbie quai Sarrail !

Jusqu’aux années 1920, le quai s’appelait des Brotteaux, et encore avant la IIIe République, quai des Bourbons (dans la suite du quai d’Albret alors, Henri IV fut le premier roi Bourbon).

Au 19e siècle, le long de ce quai il y avait des ports où l’on déchargeait notamment du bois. Des artisans du quartier s’y fournissaient en matière première. On trouve une trace de cette histoire avec les nombreux magasins de meubles encore aujourd’hui dans les rues du quartier.

Au début du quai, il y a le skatepark Foch (non que le maréchal Foch ait jamais fait du skate…) et vous pouvez y voir les anciens piliers du pont Morand.

Plus étonnant dans l’architecture du quai : au numéro 7 il y a l’immeuble Barioz. Barioz, riche industriel dans la soierie, fit construire cet immeuble au début des années 1930, avec une dérogation concernant la hauteur. Avec un peu d’imagination, on se croirait à New-York ou Chicago au temps de la prohibition, c’est limite si Al-Capone ne va pas sortir sur le quai Sarrail d’un instant à l’autre !

Un immeuble quai Sarrail à Lyon le long du Rhône
Immeuble Barioz, 7, quai Général-Sarrail (Bibliothèque municipale de Lyon / P0732 002 00068)

Quai Victor-Augagneur

Augagneur fut un médecin (encore un le long des quais lyonnais !) et ancien maire de Lyon (encore un également !). Mais il préféra démissionner de son poste de maire en 1905 pour devenir gouverneur de Madagascar, pour remplacer Gallieni (qui y avait fait quelques massacres au nom de la mission civilisatrice). Augagneur laissa le flambeau lyonnais à un petit jeune : Edouard Herriot qui allait rester maire pendant un demi-siècle !

Petite halte gastronomique et historique : le Café du Rhône, au numéro 23. L’intérieur est plein de charmes : sur les murs sont peints des vues lyonnaises : l’Île Barbe, l’aqueduc du Gier, le pont de la Guillotière (l’ancien, pas le nouveau !) et le parc de la Tête d’Or. Ces peintures sont même inscrites au titre des monuments historiques ! On vous rassure : la carte, elle, est fraîche !

Au numéro 3, il y a le grand temple protestant, construit par Gaspard André (l’architecte du théâtre des Célestins).

Mais surtout on ne peut quitter le quai sans parler… de la fosse aux ours ! Il n’y a aujourd’hui plus qu’un parking souterrain qui en rappelle l’existence. Quand on a reconstruit le pont de la Guillotière dans les années 1950, un immense rond point fut aménagé pour les voitures (c’était le début de l’ère triomphante de la bagnole)… sans passage piéton ! Ceux-ci étaient invité à circuler par des passages souterrains, avec au centre de l’immense rond-point mais en contrebas, un jardin. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.

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La fameuse fosse aux ours !

Quai Claude-Bernard

Claude Bernard était un médecin né, non pas à Lyon mais à Saint-Julien dans le Rhône. Cependant il fait ses études à Lyon, cela vaut bien un nom de quai ! Claude Bernard est célèbre pour être le co-fondateur de la médecine expérimentale à la fin du 19e siècle.

Sur le quai Claude Bernard, il y a les universités de Lyon : aujourd’hui l’université Jean Moulin (Lyon 3), Lumière (Lyon 2)… mais pour trouver l’université Claude Bernard, c’est à Villeurbanne !

Juste à côté, il y a le nouvel hôpital Saint-Luc (né de la “fusion” des hôpitaux Saint-Luc et Saint-Joseph). Lyon ville de médecine (on vous le dit, vu le nombre de quais portant des noms de médecins) : ce fut à Saint-Luc (dont dans l’ancien hôpital) qu’on a ouvert le premier service des grands brûlés en Europe.

Côté détente, il y a bien sûr notre fameuse piscine du Rhône. Elle est officiellement nommée aujourd’hui “centre nautique Tony Bertrand”, qui fut l’adjoint aux sports de la ville à l’initiative de cette piscine dans les années 1960. Il faut dire que Lyon était candidate pour les Jeux Olympiques de 1968 !

Avenue Leclerc

Alors si au début de cet article on a beaucoup parlé de guerre, avec le nom de Leclerc, on pense d’abord au général Leclerc pendant la Seconde guerre mondiale. Mais il ne s’agit pas de lui ici. Ce dernier a sa place à l’entrée du parc de la Tête d’Or. L’avenue Leclerc rend hommage à un vétérinaire, mort à Lyon au début du 20e siècle. Il travaillait pour la ville et il a contribué avec l’architecte Tony Garnier et le maire Edouard Herriot à la construction du grand abattoire à Gerland (aujourd’hui la halle Tony Garnier). Vous pouvez d’ailleurs écouter une interview (à notre sauce) de Tony Garnier.

Ce quai s’appelait avant le quai de la Vitriolerie, lié au fort de la Vitriolerie, construuit à la place… d’une vitriolerie ! (aujourd’hui la caserne militaire du “quartier général Frère”). C’était au milieu du 19e siècle un des forts de la première ceinture de Lyon, protégeant la ville d’éventuels envahisseurs.

Juste après le viaduc de chemin de fer, il y a un accès à gare de la Mouche. C’était ici le quartier de la Mouche, où furent construits nos célèbres bateaux-mouches (un salut amical au Parisiens !).

On finit cette balade avec le cadre très agréable du parc de Gerland. Et un petit souvenir des bas ports dans les années 1990.

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Les quais du Rhône avant ! (Bibliothèque municipale de Lyon / P0707 CRDP R02525 Photographie attribuée à Pierre Clavel)
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