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Le grand tric de 1539 ⚑

Podcast Histoires Et Gognandises Lyonnaises 1

Mardi 1er décembre 2020

Pendant le confinement, chaque jour une chanson ou une histoire ! Aujourd’hui, la première grève en France, qui fut lyonnaise !

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Cet épisode est notamment composé d’extraits de l’article 1539, le « grand tric » des imprimeurs de Gérard Vindt.

En 1539 à Lyon a lieu ce qu’on a appelé le grand tric : ce n’est ni plus ni moins que la première grève ouvrière en France (en tout cas la première grève ouvrière connue).

Les premiers ateliers d’imprimerie ouvrent dans la ville dès les années 1470. Quelques décennies plus tard dans la première moitié du 16e siècle, Lyon est la troisième ville en Europe pour l’imprimerie, après Paris et Venise.

C’est une nouvelle technologie avec une corporation prestigieuse, des travailleurs qui savent lire : compagnons, compositeurs et correcteurs, ces travailleurs qui composent les pages avec les caractères mobiles, ceux qui relisent et corrigent, et ceux qui actionnent la presse.

Mais en 1539 la concurrence s’est intensifiée. Les maîtres d’ateliers tentent de sauvegarder leur marge, et ils essaient de rogner les acquis des compagnons.

Au printemps 1539, les compagnons décident la grève ! Ils revendiquent le retour de l’ancien salaire plus élevé, la nourriture de midi de plus en plus mauvaise et en petite quantité, la diminution du recours aux apprentis, bien moins payés que les compagnons.

Le mot tric c’est ainsi qu’on appelle la grève au 16e siècle.

Il vient du cri de ralliement des ouvriers pour cesser le travail. Une origine possible est celle du son d’une réglette tapant dans les ateliers, annonçant les interruptions autorisées de travail. Il est passé dans le langage courant des ouvriers, pour qui tric est devenu l’onomatopée employée entre ceux qui voulaient cesser le travail pour protester. Il est de la même famille que l’anglais « strike » : grève.

Tric ! tric ! tric ! Les compagnons sont dans la rue et crient “tric ! tric ! tric !”

Les compagnons lyonnais sont regroupés au sein d’une confrérie : les « Griffarins ». Les confrères se sont engagés, par serment, à cesser le travail dès que l’un d’entre eux se plaindra de son patron. Une « bourse commune » a été mise en place, alimentée par les cotisations des membres, qui sert aux banquets confraternels mais aussi comme caisse de lutte. Les confrères sont ordinairement armés de poignards et de bâtons.

Mais les maîtres sont eux aussi organisés en confrérie et ils font appel à la justice lyonnaise. Les ouvriers réclament d’organiser leur travail comme bon leur semble et non en fonction de la tâche à accomplir ? Tel est pourtant leur devoir ! Ils veulent une meilleure nourriture ? Les maîtres proposent d’augmenter les « gages » (les salaires), et que les compagnons aillent se nourrir ailleurs !

Les compagnons, armés de dagues, de poignards et de bâtons, châtient tout ouvrier ou apprenti qui ne veut pas quitter son travail. Des heurts ont lieu avec les maîtres et le prévôt et les sergents.

Le pouvoir royal s’inquiète, craignant que ce mouvement ne soit, écrit François Ier dans un édit, « un exemple et occasion aux autres compagnons et serviteurs de métier qui sont en notre royaume de faire quelquefois le semblable, qui est un vrai fondement et entretien de mutineries et séditions, qui tournent à la fin au grand détriment de la chose publique ».

Le 31 juillet 1539, au cours d’un procès où comparaissent cinq compagnons, qui doivent répondre en leur nom et en celui de leurs consorts, Monseigneur le Sénéchal rend sa sentence.
– Interdiction de réunion de plus de cinq personnes
– Suppression du droit de grève sous peine de bannissement et d’amendes
– Interdiction du port d’armes
– Autorisation pour les maîtres d’embaucher le nombre d’apprentis qu’ils désirent
– Seule satisfaction pour les grévistes, le salaire nourriture est rétabli.

Les compagnons lyonnais en appellent alors au parlement de Paris, première juridiction du royaume, sur la question des apprentis. Un an plus tard, en septembre 1540, celui-ci rétablit les anciennes règles corporatives.

Défaits, les imprimeurs décident de délocaliser leurs ateliers à Vienne, au sud de Lyon, la ville de Vienne n’étant pas sous l’autorité du parlement de Paris.

Après un intense lobbying des maîtres à la cour, un édit du roi de décembre 1541 réaffirme le droit des maîtres d’embaucher et faire travailler à loisir qui ils veulent, et toutes les décisions antérieures prises à l’encontre les ouvriers.

Retrouvez toutes nos « Histoires et Gognandises Lyonnaises » sur notre calendrier de confinement, ou en podcast : Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Soundcloud.

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